La logistique hospitalière

L'objectif de ce blogue est d'approfondir l'analyse de la situation actuelle des hôpitaux et d'amener des pistes de solutions qu'une bonne gestion de logistique peut avantager. Il est à noter que l'utilisation du mot «infirmière» est uniquement proposée que pour faciliter l'esthétique visuel et la lecture aux différents internautes.















vendredi

La gestion des coûts versus l’offre de soins

Nous savons bien entendu que le monde hospitalier est très complexe : nous parlons d’un environnement où les spécialistes de la santé sont des protagonistes, et où la culture de la gestion est reléguée à une deuxième place, car «la culture hospitalière refuse d’admettre, encore aujourd’hui, que l’on puisse mêler santé et rentabilité ». Par contre, il faut faire face à cette idée préconçue et expliquer que, si bien une des préoccupations principales du logisticien hospitalier est la dimension financière, sa préoccupation première est de mettre en place un flux de ressources et de moyens afin de s’occuper du patient de façon optimale au centre de soins (niveau de service). Il faut faire comprendre aux membres de la collectivité hospitalière que les activités de logistique hospitalière peuvent jouer un rôle beaucoup plus stratégique dans les centres hospitaliers de la province.

Si nous nous basons sur l’article de notre blogue  «Une réalité qui frappe nos vies», il y a concrètement deux principaux enjeux opérationnels et stratégiques de la logistique hospitalière dans le secteur québécois de la santé présentement :

• Pourcentage des ressources économiques qu’un centre hospitalier consacre aux activités logistiques et la possibilité de faire des économies à ce sujet.

• Pourcentage de temps des infirmiers dédiés à la gestion des activités de logistique hospitalière et la possibilité de réduire ce temps afin qu’ils redirigent leurs efforts vers leur mission principale : l’offre de soins.

D’après un article paru dans HEC Montréal MAG à l’automne 2005, «le milieu (hospitalier) ne manque pas d’anecdotes aberrantes. Un patient doit transporter ses propres films radiographiques trois ou quatre fois entre la clinique et l’hôpital, situés aux extrémités de la ville… Un autre patient, qui souffre de douleurs graves, fait cinq heures de route pour rencontrer un médecin spécialiste, mais ce dernier ne reçoit pas à temps le dossier du patient et doit reporter la consultation (car la technologie en matière de dossiers électroniques aux patients n’est pas encore au point)… Une infirmière épuisée par l’accumulation des responsabilités cliniques, des tâches logistiques et des heures supplémentaires décide de changer de métier… Un centre hospitalier fait venir par hélicoptère le matériel nécessaire à un traitement parce qu’il y avait rupture de stock… Autant d’aberrations, mais aussi autant d’occasions de réduire les coûts et d’améliorer la qualité des soins prescrits. »

À titre d’exemple, on vous montre ce lien qui donne accès à une nouvelle qui est apparue il y a quelques semaines.

Une enquête menée auprès de 2000 infirmières du Québec témoigne du fait que 85% des répondants ont constaté une très grande augmentation de leur charge de travail et que 76 % des gens disent ne pas avoir assez de temps pour faire leur travail (Bourbonnais et al., 1998). Les dirigeants du réseau de la santé ne paraissent pas tirer le plein potentiel des activités logistiques, car ils sous-estiment l’ampleur réelle de leurs coûts et des bénéfices qu’elles pourraient procurer.

Par conséquent, au niveau social, quel message transmettons-nous quand, durant une période de présumée pénurie, nous demandons à une professionnelle spécialisée de la santé ayant plusieurs années d’expérience et un background académique bien respecté de distribuer des repas, de nettoyer les liquides renversés, de chercher du personnel pour remplacer d'autres infirmières malades, de faire la navette entre les patients et les banques de sang ou les pharmacies, ou encore de servir de porteuse d'hôpital? Voulons-nous vraiment utiliser de cette façon ce que nous reconnaissons tous comme une ressource précieuse en voie de disparition? Probablement pas, mais pourtant, les hauts dirigeants du secteur public autorisent quand même ces abjectes pratiques.

Les résultats d'une décennie de recherche indiquent qu’il existe une corrélation directe entre le rapport infirmières-patients et l'état de santé des patients (Doran, McGillis Hall, Sidani, et coll., 2001; McGillis Hall, Irvine Doran, Baker, et coll, 2001; Needleman, Buerhaus, Mattke, et coll., 2002; O'Brien-Pallas, Irvine Doran, Murray et coll., 2002; O'Brien-Pallas, Irvine Doran, Murray et coll., 2001; Prescott, 1993; Tourangeau, Giovannetti, Tu et Wood, 2002).

D'une manière plus générale, un examen des études réalisées par Aiken et d'autres chercheurs et publié dans California Nurse (1999) conclut que les meilleurs rapports infirmières-patients sont directement liés à la satisfaction des patients, à leur qualité de vie lors de leur sortie de l'hôpital, à leurs connaissances, à leur observance des traitements et ceci aide bien entendu : à une diminution des complications pendant leur séjour à l'hôpital […] à des frais globaux réduits pour le gouvernement ainsi qu’à un séjour plus rapide et sécuritaire à l'hôpital (p.7).

Dans un même ordre d’idée, nous pouvons parler d’un autre niveau de service offert à la population mais cette fois si en ce qui à trait aux délais d’accès des patients à une opération dans le régime public de santé. Ce délai est calculé en 2005 à 17, 9 semaines selon la médiane et la pénurie d’infirmières en est pour beaucoup. Et selon Statistique Canada, il a été calculé que 9,8 % des patients sur la liste d’attente vont être affectés d’une façon ou d’une autre par des problème de santé. Ainsi ce délai d’attente touche non seulement le côté humain mais également celui économique et financier puisque ce stress, anxiété ou fatigue, etc. amène de nombreux patients à une incapacité de travailler.

Selon l’économiste Nadeem Esmail de l’Institut Fraser, il y avait 16 358 patients québécois en 2005 sur les listes d’attentes, de 20,8 semaines, en orthopédie. Et le salaire moyen était de 644$ avec 9,8% de patients affectés par un problème de santé sur la liste d’attente. Sur ce seul exemple d’orthopédie, le manque a gagné du gouvernement est de 21,5M$, globalement 155M$ au Québec et 732M$ au Canada. Pour plus d’information, le document est disponible à l’adresse suivante : http://www.fraserinstitute.org/

Ainsi, tous ces travaux et écrits amenés précédemment indiquent clairement que la clé du succès de l’amélioration du système de santé québécois doit être en lien avec une réingénierie des milieux de travail de la ressource la plus importante du réseau de la santé soit nos infirmières. Les résultats de nos recherches confirment de plus en plus que de tels changements rendront beaucoup plus efficaces le recrutement et le maintien de meilleures infirmières et autres professionnels de la santé. En outre, les patients seront en meilleure santé avec un niveau de satisfaction beaucoup plus élevés globalement.

Cette réalité frappante nous a fait décider de concentrer notre étude dans les diverses mesures qui pourraient être mises en place afin d’améliorer et d’optimiser le niveau d’intégration de la chaîne logistique des centres hospitaliers. Cette tentative ferait diminuer le temps investi par les infirmiers à des tâches à non valeur ajoutée, et, en tant que décision stratégique, aiderait à une meilleure allocation des budgets, lesquels devient de plus en plus restreint dans le milieu de la santé. Notre objectif global est ainsi d’optimiser l’organisation de la logistique hospitalière la plus efficacement possible afin d’atteindre un excellent niveau de service aux patients tout en réduisant le plus possible les coûts. Commençons par un petit historique de l’évolution de la logistique hospitalière.

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